Le Fauvisme

samedi 11 mai 2013
par  administrateur
popularité : 90%

Le Fauvisme, un nom né du scandale


La peinture fauve n’est pas tout, mais elle est à la base de tout.
Henri Matisse

Alors que, depuis 1895, Claude Monet multiplie les expositions à succès à Paris chez Durand-Ruel et Georges Petit, mais aussi à New York et à Berlin, tandis que Pierre-Auguste Renoir expose ses toiles chez Bernheim-Jeune et à New York, ceux qui tenaient l’impressionnisme pour une aberration vingt ans plus tôt n’ont plus de cesse désormais que de publier de respectueux portraits de ces Maîtres dans les journaux.

JPEG - 50 ko
Henri Manguin, "La Sieste"
Huile sur panneau de bois, 1905
© Villa Flora, Winterthour, Suisse

Parallèlement, « Les Nabis », un petit groupe d’artistes où évoluent Maurice Denis, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard et Aristide Maillol, réunis autour de Paul Sérusier, se font progressivement admettre de la critique et du public.

Dans ce contexte, et sous ces influences, naît un autre mouvement pictural séparant la couleur de sa référence à l’objet par un recours aux tons purs, utilisés en aplats, exaltant la lumière et libérant ainsi toute sa force expressive.

Enrichi par les expériences colorées néo-impressionnistes, nourri de la poésie des tons de Paul Gauguin et inspirée de la libération du trait dans l’œuvre de Toulouse-Lautrec, ce mouvement dont l’esthétique singulière est aussi inspirée des arts africains et océaniens, se développe à l’opposé des sensations visuelles de l’impressionnisme, tout en répondant avec force au défi de la photographie.

JPEG - 79.3 ko
André Derain, "Arbres à Collioure"
Huile sur toile, 1905

Le 18 octobre 1905, le troisième Salon d’Automne s’ouvre à Paris, au Grand Palais.
Le Président de la République, Émile Loubet, refuse de l’inaugurer car il est averti qu’il s’y trouve exposées des œuvres inacceptables, le critique Camille Mauclair parlant alors de « pot de peinture jeté à la face du public. »

En cause, les œuvres de la salle VII signées Matisse, Derain, Vlaminck, Marquet, Rouault, Van Dongen, Camoin, Manguin, qualifiées pour l’occasion de « bariolages informes, du bleu, du rouge, du jaune, du vert, des taches de coloration crues juxtaposées au petit bonheur. »

Au milieu de la salle où sont présentées deux sculptures d’Albert Marque, le critique Louis Vauxcelles s’écrie : « la candeur de ces bustes surprend au milieu de l’orgie des tons purs : Donatello parmi les fauves. »

Le terme fait mouche, la salle VII se transforme en « Cage aux fauves »
Le fauvisme naît dans un choc chromatique retentissant, transgressant toutes les règles établies, où les couleurs pures, les formes simplifiées, les perspectives abolies et les ombres supprimées, font entrer de plain-pied l’art dans la modernité.

JPEG - 73.4 ko
Maurice de Vlaminck, "Maisons et Arbres"
Huile sur toile, 1906
© Metropolitan Museum of Art, New-York

Il faudra timidement attendre le Salon d’automne de 1906 pour que la critique, notamment sous la plume de Louis Vauxcelles, qualifie les œuvres de Vlaminck de
« mosaïques vernissées parfois assez harmonieuses » et admette que Derain présente des œuvres « mouvementées, flamboyantes, incomplètes mais vibrantes »

Sans manifeste précis (contrairement au dadaïsme, au futurisme ou au surréalisme par exemple) mais érigé autour d’un ensemble de caractéristiques communes scellées en 1901, devant les toiles de Van Gogh, par une amitié liant Matisse, Derain et Vlaminck, les œuvres les plus représentatives du fauvisme sont produites entre 1905 et 1908, après quoi, le mouvement se dissout en autant de carrières individuelles et diverses que l’expressionnisme, le cubisme, l’abstraction mais dont chacune trouvera dans le fauvisme son départ et sa justification.


Navigation

Articles de la rubrique

  • Le Fauvisme